Colloque international sur la lutte contre le terrorisme

10:53 - November 15, 2017
Code de l'info: 3464630
Les experts de 15 pays examinent les moyens d'éradiquer l’extrémisme violent au Maghreb et au Sahel.
Colloque international  sur la lutte contre le terrorisme
Les régions du Maghreb et du Sahel sont de plus en plus confrontées à une montée sans précédent de l’extrémisme violent. Comment prévenir ce fléau et trouver des solutions pour l’éradiquer ? C'est là la question à laquelle ont tenté de répondre les experts de 15 pays invités à prendre part à un colloque international organisé du 13 au 15 novembre à Rabat.

L'extrémisme violent est devenu un défi mondial grandissant, auquel de nombreux pays doivent faire face, notamment dans la région du Maghreb et du Sahel. En effet, le faible niveau de sécurité dans la zone du Sahel facilite sa propagation et permet à des groupes terroristes d’endoctriner les jeunes, de les radicaliser et de recourir parfois à la violence pour atteindre leurs objectifs idéologiques, religieux ou politiques. Comment donc prévenir l’extrémisme violent ?

«En fait, il n’existe pas une solution prêt-à-porter», estime Mobina Jaffer, sénatrice canadienne qui intervenait dans le cadre d’un colloque sur la transformation de l’extrémisme violent au Maghreb et au Sahel qui se tient à Rabat du 13 au 15 novembre. La lutte contre le terrorisme doit s’appuyer sur différentes approches, notamment l’approche sécuritaire, mais aussi celle humaine et sociale. Il est important également, note la même intervenante, d’examiner les meilleures pratiques adoptées par les autres États, mais sans les calquer, en s'efforçant de les adapter au contexte national. Une nécessité qui exige de la part des États, souligne Mme Jaffer, d’engager un dialogue communautaire sur la question de la lutte contre l’extrémisme violent et d’impliquer la société civile dans ce processus en tenant compte du rôle qu’elle peut jouer dans la sensibilisation contre ce fléau. Une sensibilisation qui doit être ciblée et adaptée au genre, souligne dans le même sens Sanam Naraghi-Aderlini, directrice exécutive de l'International Civil Society Action Network (ICAN).

En effet, bien que les politiques publiques prévoient des programmes pour lutter contre le terrorisme, elles occultent souvent le volet relatif à la prévention contre l’extrémisme, berceau du terrorisme. Même les politiques s’intéressant à la prévention n’accordent pas une grande importance à la sensibilisation de la femme et sous-estiment le rôle qu’elle peut jouer dans la lutte contre l’extrémisme. Pourtant, s’exclame Mme Naraghi-Aderlini, la femme de par son rôle d’épouse et de sœur, est également mère de famille et donc responsable de l’éducation de générations d'enfants et du transfert des valeurs, mais aussi d’idées extrémistes, d’où l’intérêt d’accorder une importance primordiale à sa sensibilisation. Une idée soutenue également par Ahmed Abbadi, secrétaire général de la Rabita Mohammedia des oulémas, qui a estimé que le renforcement des capacités des femmes pourrait constituer un frein au développement de l’extrémisme au sein de la société. Toutefois, ce volet reste insuffisant pour lutter contre ce phénomène vu sa complexité.

Car, comme le souligne M. Abbadi, l’endoctrinement des jeunes et leur radicalisation ne se font plus à travers les canaux traditionnels tels que les discussions directes ou la télévision, mais par des réseaux virtuels sur Internet, d’où l’importance de repenser le phénomène de l’extrémisme. «Nous vivons dans un monde globalisé où il faut tenir compte de cette nouvelle dimension virtuelle et comprendre les raisons derrière cet engouement des groupes terroristes pour le recrutement des jeunes qu’ils essaient de radicaliser», note le même responsable. Selon M. Abbadi, le développement des groupes terroristes dans une région signifie la rupture de sa stabilité et conduit à une circulation libre des armes, du pétrole et à la traite des êtres humains, ce qui peut profiter à certaines organisations terroristes à la recherche de revenus importants. Abordant les moyens d’endoctrinement, M. Abbadi a fait savoir que les organisations extrémistes s’appuient sur cinq arguments pour manipuler les jeunes. «Elles promettent à ces derniers de restituer le Khalifat, de respecter leur dignité et de les transformer en héros, de leur offrir la religion de l’Islam à l’état pure. Ils leur promettent également la salvation lors du jugement dernier et enfin le paradis. Ce discours attrayant facilite l’endoctrinement des jeunes et leur manipulation, d’où l’importance de produire une pensée antiterroriste», note le secrétaire général de la Rabita Mohammedia des oulémas.

Ainsi, la prévention contre l’extrémisme passe, selon M. Abbadi, par le renforcement des capacités des jeunes, leur culture et leur savoir-faire afin de les immuniser contre toute influence ainsi que le développement d’opportunités d’emploi et de formation. «Il ne faut plus dicter aux jeunes ce qu’ils doivent faire, mais leur offrir la chance de dévoiler leur créativité et leur innovation», conclut M. Abbadi. Il convient de souligner que le Colloque sur la transformation de l’extrémisme violent au Maghreb et au Sahel, qui se tient à Rabat du 13 au 15 novembre à Rabat, est organisé à l’initiative de l’ONG internationale Search For Common Ground au Maroc en partenariat avec l’ICAN. 

Cet événement réunit tout au long de ces trois jours quinze pays représentés par des responsables gouvernementaux et d’autres institutions publiques, des organisations multilatérales, des diplomates, des représentants de la société civile et des experts sectoriels. 
 
lematin.ma

captcha