Un accueil et des funérailles uniques dans l’histoire

10:49 - June 07, 2021
Code de l'info: 3476939
Téhéran(IQNA)-Le rédacteur en chef du journal « Etela'at », élève de l'Imam Khomeiny, estime que la confiance du peuple en l'honnêteté, l’esprit de sacrifice, l'abnégation et l'idéologie du leadeur de la Révolution islamique, a conduit à cet accueil historique du 26 février 1979, et à cette immense cérémonie de funérailles en juin 1968.

A l’occasion du 32ème anniversaire de la disparition du guide suprême de la République islamique, nous avons eu l'occasion d'écouter les propos du rédacteur en chef du journal « Etela'at », l’hodjat-ol-islam Seyed Mahmoud Do’ai, qui était également ambassadeur d'Iran en Irak en 1980 et 1981, qui a déclaré : « Bien sûr, la disparition de l’imam a suscité des craintes sur le sort de la révolution et le choix des alternatives et du successeur, et ce fut une étape douloureuse dans la vie de la Révolution islamique, qui heureusement, grâce à Dieu et aux prières de l'imam et ses conseils, cette transition s'est faite en toute sécurité, et le chemin de l'Imam a pu continuer.

Les nuits où le corps de l'Imam était exposé et le jour où l'imam devait être enterré, la situation était si imprévisible que son corps a dû été retourné plusieurs fois à cause de la foule immense incapable d’être contrôlée.

Des gens comme le martyr Motahhari, qui ont étudié auprès de l’imam, ont compris la grandeur de l'Imam et la grandeur du chemin de l'Imam. Nous pouvons nous référer aux souvenirs que ces personnes ont racontés et aux déclarations qu'ils ont faites. L’imam donnait des cours de morale à Qom, les mercredis ou les jeudis. La raison de l'influence de l'Imam était qu'il faisait ce qu'il disait. Quand cela était nécessaire, il restait silencieux et son silence créait une atmosphère de paix et de tranquillité, mais quand il fallait parler, il le faisait sans aucune gêne. Ceux qui ont joué un rôle dans la lutte et la réalisation des enjeux de la révolution, avaient été formés par l'imam.

Dans deux incidents similaires, j'ai pu observer les particularités du mouvement de l'Imam. Un dur incident en Irak, a poussé l'imam à émigrer d'abord au Koweït puis à Paris. Je me souviens que ses compagnons sur le chemin du Koweït, étaient limités et n’étaient pas au courant de la décision de l'imam. Un geste secret devait être fait pour obtenir le résultat souhaité. Hadj Ahmad Agha et quelques proches amis étaient avec lui. J'ai eu l’occasion de les accompagner. Nous avons parcouru une longue distance de Najaf à Bassora, pour passer de Bassora au Koweït. Le trajet en voiture et les consignes de sécurité étaient fastidieux. À la fin de la route de Najaf à Bassora, avant d'atteindre le poste de police des frontières, il y avait un endroit où les passeports étaient donnés et tamponnés, et l'autorisation de passer était délivrée, cela a pris un certain temps. L’imam s’est assis à l’ombre d'un mur à moitié démoli. Hadj Ahmad Agha volait comme un papillon autour de son père tellement il était inquiet pour son sort et son avenir. Nous ne pouvions rien prédire et ce n'était que la confiance et la ferme conviction de l'Imam qui calmaient tout le monde. Hadj Ahmad Agha a regardé un instant son père et a déclaré : « Comment l’imam, ce grand leader religieux qui a autant de partisans, doit-il s’appuyer sur ce mur en ruine ? » et il s’est mis pleurer. L’imam s'en est rendu compte et nous a conseillé avec détermination et fermeté, de n’avoir peur de rien et de maintenir notre foi à l'authenticité du chemin choisi. Finalement, l'imam a passé la section des passeports et est parti. Pour nous assurer que l’imam avait bien franchi la frontière, nous sommes restés dans ce désert pendant une demi-heure, puis nous sommes retournés à Najaf, fatigués et inquiets. Nous sommes tout d’abord allés au bureau de M. Rezvani, le chef du bureau de l’imam, qui a donné des nouvelles amères. Il nous a dit que le Koweït n'avait pas accepté l'imam, qu’il était revenu en Irak et s’était installé dans un hôtel à Bassora, jusqu'à son retour à Bagdad ou à Najaf. Je suis allé chez moi pour voir ma famille qui ne savait pas où j’étais. Un agent de sécurité de Najaf m'attendait chez moi. J'étais devenu le lien entre le bureau de l'imam, le gouvernement irakien et les organisations de sécurité. Il m’a dit qu’Abu Saad, responsable de la sécurité de Najaf, avait un message de l'Assemblée suprême de la révolution irakienne que je devais donner à l’imam. Je suis allé voir Abu Saad qui m’a dit que Sayed (l’imam) était à Bassora, qu'il viendrait à Bagdad le lendemain, et que je devais lui remettre un message des hauts responsables irakiens. Le message disait que si l’imam envisageait de retourner à Najaf, il n’avait pas le droit de rencontrer qui que ce soit ni de s'engager dans aucune activité politique. Dieu m'a inspiré une réponse. J'ai dit : "Regardez, M. Abu Saad, ce qui arrive au Seyed est similaire à ce qui est arrivé au Prophète (as) aux premiers jours de l'Islam. Lorsque le Prophète (as) a été envoyé et a annoncé sa mission, les infidèles de La Mecque l'ont obligé de se réfugier à Ta’if. Les habitants de Ta’if l’ont obligé de retourner à La Mecque. Dieu a eu pitié de lui et a ouvert une voie pour le Prophète (psl) qui émigra à Médine et retourna ensuite victorieux à La Mecque. Ce qui est arrivé à Seyed en Irak, est similaire à ce qui est arrivé au Prophète, à La Mecque. Seyed voulait se réfugier au Koweït, mais le Koweït a refusé. Il est retourné en Irak et ne restera pas en Irak. Je suis sûr qu'il quittera l'Irak et, si Dieu le veut, reviendra victorieux. Abu Saad a dit : « Vous voulez dire que nous sommes comme les infidèles de La Mecque ? » J'ai répondu que ce n’était pas ce que je voulais dire, que je voulais dire que ce qui est arrivé l’imam ressemblait à ce qui est arrivé au prophète (as) et que j’étais sûr qu'il ne resterait pas en Irak. Abu Saad a dit que je devais lui transmettre ce message. Le lendemain, nous sommes allés à l'aéroport de Bagdad. L’imam est arrivé et je lui ai raconté ce qui s’était passé. L'imam a dit que c'était vrai, qu’il n'avait pas l'intention de rester en Irak et qu’il avait décidé d'aller en France.

Lorsque les Irakiens ont été convaincus de la décision de l'Imam, ils l'ont traité avec beaucoup de respect, la dernière nuit de son séjour, et ont consacré un étage à l'imam et à ses compagnons dans un des hôtels les plus luxueux de Bagdad, l'hôtel Dar al-Salam dans la rue Saad, un hôtel qui recevait les missions diplomatiques de haut rang. Les directeurs et le personnel de l'hôtel parlaient tous en anglais. L’imam, fatigué par la route, a voulu prendre un bain. Hadj Ahmad Agha est allé ouvrir la valise pour apporter une serviette. L'imam a dit que ce n'était pas nécessaire, qu’il y avait des serviettes dans la douche. Il n’a pas prêté attention au fait que l'hôtel était un hôtel étranger. Pour lui, c’était un pays islamique, un hôtel pour les musulmans et donc l'équipement était propre var nous n’avions aucune raison de dire que l’équipement était impur. C’était une leçon pour nous. Puis ce fut l’heure du dîner. Bien sûr, le responsable qui respectait de façon stricte le protocole, a suggéré que le directeur de l'hôtel apporte personnellement le menu à l'imam, et lui demande quel repas, il désirait. Le traducteur était le Dr Yazdi. M. Yazdi a dit : « Ils demandent ce que vous voulez pour le dîner ? » L'imam a dit que si le yaourt et le pain étaient frais, il avait des raisins secs avec lui. Lorsque M. Yazdi a traduit cela, le directeur de l'hôtel s’est étonné. Tout ce protocole pour du pain, du yaourt et des raisins secs ! Ils ont donc apporté du pain et du yaourt, et l’imam a pris son repas. Bien sûr, ils avaient préparé une salle pour les compagnons et nous sommes allés dîner. Hadj Ahmad Agha plaisantait en disant « qu’on nous avait sortis de notre deuil ». L’imam cette nuit-là, a décidé de faire la visite au mausolée de Kazimiya. Les agents de sécurité craignaient qu'ils ne quittent l'hôtel et se retrouvent dans la foule. Ils ont demandé à l'Imam de ne pas se rendre à Kazimiya. L’imam a dit qu’ils ne devaient pas s’inquiéter. Nous sommes allés à Kazimiya. Lorsqu'il est entré dans la cour pour se rendre au sanctuaire, des gens l’ont reconnu et les slogans et les prières des gens se sont élevés. Il répondait aux personnes qui exprimaient leur sympathie. Il a fait la visite pieuse du sanctuaire et est revenu à l'hôtel. Le lendemain, nous sommes allés à l'aéroport. Je savais qu'au moment de l'arrivée de l'imam en Irak, à l’époque de Salam Aref, ministre des affaires ethniques, son représentant était venu pour accueillir l'imam au nom du gouvernement irakien. Bien sûr, l'imam n'y avait pas prêté attention et le ministre consultant s’était vite rendu compte qu'il n'était pas quelqu'un avec qui on pouvait faire des compromis. J'ai dit à l'agent de sécurité qui était présent, qu'à son arrivée en Irak, un accueil officiel avait été organisé et qu’il serait bon qu'un responsable du gouvernement assiste au départ de l'imam, que cela serait bon pour le régime iranien qui se sentirait respecté, et d'un autre côté, que c'était bon pour le moral de l'imam. Il est revenu une demi-heure plus tard et a dit qu'il n'est pas opportun de le faire, mais qu’au dernier moment quand l'imam montera dans l'avion, avant que les escaliers ne soient retirés et que la porte ne soit fermée, nous devions monter les escaliers et au nom des hauts responsables irakiens, informer l’imam que si pour une raison quelconque, le gouvernement français ne l’acceptait pas, il ne devait pas revenir en Irak. C'était un message très amer. Je lui ai dit que ce message n'est pas un bouquet qu’on donne à celui qui part, et que d'un autre côté, nous ne voulions pas qu'il se passe quoi que ce soit qui peine l’imam. J’ai dit que je transmettrai le message à son fils. L'agent de sécurité est parti et est revenu, et a dit non, vous devez donner notre message à l’imam personnellement. J'ai transmis le message à Hadj Ahmad Agha et lui ai dit que je ne le dirai pas à l'Imam, mais qu’il devait être informé. Hadj Ahmad Agha a dit de ne pas lui en parler. Lorsque nous avons dit au revoir à l'imam, nous étions tous déprimés et en pleurs. Quand l’avion était prêt à décoller, l’agent de sécurité m’a dit de transmettre le message à l’iman. J’ai embrassé la main de l’imam et je lui ai dit : « j’espère que ce ne sera pas notre dernière rencontre », l’imam a souri et je suis descendu de l’avion. L'agent de sécurité a dit : « Vous lui avez dit ? » J'ai dit oui. Il a dit : « Qu'avez-vous dit ? » J'ai dit : « N'avez-vous pas vu l'imam sourire ? ».

Le deuxième jour du mois de Bahman, Hadj Ahmad Agha m'a appelé de Paris. Nous étions chez lui à Najaf, parce que sa maison avait un téléphone. Il m'a dit qu’ils étaient prêts à venir en Iran et que l'Imam lui avait dit de me demander de venir à Paris pour que nous y allions ensemble. J'ai pleuré, le commandant au sommet de sa victoire et de son autorité, n'avait pas oublié son vieux combattant. Je me suis préparé et suis allé à Paris le 2 Bahman. Je suis arrivé au moment où Seyed Jalal Tehrani, chef du Conseil Royal, était venu chez l'imam pour démissionner et lui faire acte d’allégeance. Tout cela a duré jusqu'à la nuit du 12 Bahman, lorsque nous sommes partis à l'aéroport. Les moments passés dans l'avion, le moment où l'avion a atterri à Mehrabad, la descente de l'Imam de l'avion.. rien n’impressionnait l’imam à cause de sa foi au chemin et de sa volonté d'accepter tout ce qui arrivera, et tout ce que Dieu voudra. Dieu a accordé une bonne récompense pour cette croyance et cette foi, avec l'accueil et les adieux qui ont été faits à ce juste serviteur. Nous espérons que les idéaux de la République islamique se réaliseront ainsi que l'unité qu'il attendait, que les passions qui l’inquiétaient et divisent les gens disparaissent et que nous suivions sa voie avec précision ».

3975556

captcha