Le silence sur Gaza dans les mosquées espagnoles

23:56 - February 14, 2024
Code de l'info: 3487612
IQNA-Beaucoup de musulmans en Espagne sont marocains. Et la question de Gaza est peu abordée dans les sermons des imams. Selon “El Confidencial”, cela tient à un climat de peur et à la double surveillance des autorités espagnoles et des services marocains.

“Ce qui se passe à Gaza est, depuis le début, constamment présent dans mes interventions”, explique Mohamed Ben Abderrahman, imam d’origine marocaine du centre culturel islamique La Paz, à Tarragone, lorsqu’on lui demande si ses khutbas (prêches) du vendredi évoquent la guerre entre Israël et le Hamas. “Mobiliser les fidèles, les encourager à participer à des manifestations pacifiques, en phase avec la société civile, est le moins que nous puissions faire” en tant qu’hommes de foi, assure-t-il.

Abdallah Mhanna, président du centre des imams d’Almería, ne reste pas non plus les bras croisés. Originaire de la bande de Gaza, il a perdu plusieurs cousins depuis le mois d’octobre et ne cesse de parler de ce qui se passe à Gaza, non seulement dans ses prêches, mais aussi dans des interviews accordées à la presse, lors de conférences qu’il organise seul ou en collaboration avec Amnesty International. Pour autant, Mohamed et Abdallah sont deux exceptions dans le panorama de l’islam espagnol.

Des prêches dépolitisés
Depuis le début de la guerre, d’abord avec l’attaque brutale du Hamas dans le sud d’Israël, puis avec l’invasion terrestre de Gaza et ses 250 morts quotidiens en moyenne, les responsables musulmans et les mosquées se sont à peine mobilisés.

“Dans les mosquées pakistanaises, on ne parle pas de cette tragédie et du génocide”, constate Fida Hussain, qui dirige une association culturelle pakistanaise à La Rioja. “Nous prions pour les âmes des innocents qui sont morts en Palestine”, nuance Driss Mohamed Amar, fondateur du Parti d’Al-Andalus, d’inspiration islamique modérée, à Algésiras.

“Même dans ma paroisse de San Antonio, le prêtre demande plus de prier pour la Palestine que l’imam de la mosquée”, s’étonne Youssef, un jeune catholique palestinien de la banlieue de Madrid.

Au sein des lieux de culte musulmans, mais aussi à l’extérieur, la mobilisation des fidèles est inexistante. “Ces derniers mois, j’ai été frappé par l’absence presque totale de représentation des mosquées lors des manifestations qui ont eu lieu en Biscaye et au Gipuzkoa”, commente Hithem Abdulhaleem, psychologue palestinien installé depuis plusieurs années au Pays basque.

La Commission islamique d’Espagne (CIE) et les principales fédérations qu’elle représente, à commencer par l’Union des communautés islamiques d’Espagne (Ucide), se sont à peine prononcées sur la guerre en cours. Si vous tapez “Gaza” ou “Palestine” sur le site de la CIE, vous n’obtiendrez aucun résultat. Sur celui de l’Ucide, on peut lire, dans un recoin du site, son communiqué du 7 novembre qui demande “à la communauté internationale d’intervenir […] pour protéger les droits humains des Palestiniens à Gaza”.

Courrier International

captcha